Entrevue avec Catherine Mercier

  • Pouvez-vous décrire brièvement votre parcours académique et professionnel ?
    Après un baccalauréat en ergothérapie à l’Université de Montréal, j’y ai complété un doctorat portant sur le contrôle moteur des membres supérieurs après un accident vasculaire cérébral. J’ai par la suite effectué un stage postdoctoral au CNRS (Lyon, France) au cours duquel j’ai amorcé des travaux sur le lien entre le contrôle des mouvements du membre fantôme et la douleur fantôme chez les personnes amputées. Je suis maintenant chercheure au Cirris depuis quinze ans, ainsi que professeure au Département de réadaptation de l’Université Laval. Chercheure-boursière de mérite du FRQS et titulaire de la Chaire de recherche en paralysie cérébrale de l’Université Laval, mes travaux ciblent la douleur et les atteintes motrices chez diverses populations cliniques, notamment des populations ayant des atteintes du système nerveux. Je suis également directrice scientifique du Cirris depuis 2017.
  • Pouvez-vous décrire votre profession en 3 phrases ?​
    • Lire / écouter / observer afin de générer des hypothèses de recherche originales et pertinentes.
    • Unir mes expertises avec celles de collègues et d’étudiants pour mettre en place des méthodes novatrices permettant de tester ces hypothèses.
    • Communiquer avec différents groupes concernés par mes recherches afin d’en maximiser l’impact.
  • Quelle est la partie de votre travail que vous aimez le plus ?
    Le Le mentorat auprès des étudiants et des jeunes chercheurs. La recherche en réadaptation est encore relativement « jeune », et le développement de la relève est pour moi extrêmement important (et gratifiant!).
  • Qu’est-ce qui vous a le plus challengé ces 5 dernières années ? 
    L’incertitude que la COVID-19 génère quant à la recherche clinique en réadaptation au cours des années à venir. Cela m’oblige à sortir de ma zone de confort à la fois comme chercheure et comme gestionnaire.
  • Quel message souhaitez-vous que les gens retiennent de vos travaux ?
    Pour le grand public, que la douleur a une cause biologique, même dans ses manifestations les plus étranges comme la douleur fantôme. Le sentiment de ne pas être cru/reconnu accroit souvent la détresse des personnes souffrant de douleur chronique.
    Pour les chercheurs, que la douleur doit être étudiée en interaction avec les autres fonctions, et non de façon isolée, afin de développer des stratégies d’intervention intégrées en réadaptation.
  • Quels sont vos espoirs pour le Cirris ?
    Que le Cirris poursuive sa croissance soutenue afin de développer nos créneaux novateurs dans différents secteurs, mais tout en maintenant l’esprit de famille, de collaboration et de solidarité qui animent ses membres. Cette profonde volonté de chercheurs provenant de domaines extrêmement variés de travailler ensemble pour améliorer le quotidien des personnes ayant des incapacités nous distingue et constitue à mon avis notre plus grand atout.  
  • Quel outil, application ou autre astuce, vous sauve au quotidien dans votre travail ? 
    Il n’y a pas de gadget magique qui me sauve. Ce qui me sauve, c’est de m’entourer de gens en qui j’ai confiance et avec qui travailler au quotidien est un plaisir. Les Microsoft et Apple de ce monde n’ont encore rien trouvé d’équivalent!
  • Quelle grande figure vous inspire ? 
    Françoise David, une femme de cœur et de convictions.
  • Dans une autre vie, vous auriez-aimé être ? 
    Anthropologue ou sociologue. Je m’intéresse à l’humain d’une multitude de perspectives.
  • Quel conseil auriez-vous aimé recevoir au début de votre carrière ? 
    Que dans une carrière académique, il ne faut pas attendre que l’orage passe mais apprendre à danser sous la pluie. J’ai passé plusieurs années à me dire que le rythme allait diminuer après telle ou telle échéance, mais la réalité est que ça n’arrive jamais! Une carrière académique n’est pas un sprint mais un marathon, alors il faut trouver le rythme qu’on peut maintenir à long terme.

Catherine Mercier